RÉALITÉ, PERCEPTION DE LA RÉALITÉ, LANGAGE ET SENS.
Les cinq sens et les sensations. Études Contrastives, vol.8. (Anne-Marie Laurian, ed.). Bern: Peter Lang. ISBN: 978-3-03911-198-5. ISSN: 1424-3563. pp. 253-264.
A. Emma Sopeña Balordi
Universitat de València
Version française :
Noelia Micó
Universitat de València
Le mot « chien » ne mord pas.
Alain Cayrol – Josiane de Saint Paul
Réalité, perception de la réalité et carte linguistique.
L’épistémologie, et plus spécialement la théorie de la connaissance, la doctrine du savoir, s’intéresse tout particulièrement à savoir comment nous apprenons. Dans l’acquisition des connaissances, le terrain n’est pas vierge : un grand nombre de filtres conditionnent ces acquisitions, et tracent la route de notre entendement. Les études des spécialistes ont démontré que ces filtres conditionnants peuvent changer, c’est-à-dire que l’être humain peut librement choisir ceux qu’il veut utiliser ou pas. Mais pour cela, il est nécessaire de connaître les présuppositions que nous utilisons inconsciemment, c’est-à-dire les croyances installées dans notre esprit qui ne sont pas en permanence dans notre conscience, mais qui dirigent notre perception de la réalité, nos sentiments et nos comportements. Le fait de prendre conscience de ces croyances et de ces procès mentaux non conscients, nous permettra de créer une nouvelle perspective quand nous devrons affronter certaines situations de la vie.
Une des plus importantes contributions pour les recherches postérieures fut celle de Alfed Korzybski, fondateur de la Sémantique générale (1933, 1947). Il a postulé que notre représentation de la réalité est une représentation de la réalité, et non la réalité même. Actuellement, un des piliers du langage de la PNL (Programmation Neuro Linguistique) est le principe hérité de ce sémanticien, à savoir que « la carte n’est pas le territoire ».
La combinaison des travaux dans le domaine de la sémantique et de la théorie syntaxique de la grammaire transformationnelle de Noam Chomsky, constitue le centre de l’aspect linguistique de la PNL. Le travail de A. Korzybski est considéré comme un grand progrès dans le sens où on peut reconnaître et dépasser ses propres habitudes linguistiques dans le but d’évaluer les expériences de la vie à travers la réalité qu’elles supposent, et non à travers les implications du langage. On peut, de cette manière, analyser la situation, qui est toujours unique et particulière, et chercher des interprétations alternatives à celle-ci. Les cartes linguistiques de chaque individu, bien plus que la propre réalité, déterminent l’interprétation qu’ il se fait d’une situation donnée ; ces cartes induisent à la réaction, à extraire des significations à partir des expériences.
La PNL se fonde donc sur le principe qui suit : notre vision personnelle du monde se base sur nos cartes internes construites à partir des expériences vécues, du langage, et des propres systèmes sensoriels de représentation. Et ce n’est pas la réalité en soi qui détermine notre interprétation du monde, mais plutôt ces cartes linguistiques (Cf. A. Einstein : « Notre façon de penser génère des problèmes que la propre pensée ne pourra jamais résoudre »). Cette distinction de Korzybski entre carte et territoire implique que nos modèles mentaux de la réalité détermineront le modèle d’action. Il n’existe aucune carte qui soit vraie ou fausse, correcte ou incorrecte, bonne ou mauvaise. La PNL considère que l’être humain, devant un fait réel déterminé, peut agrandir la carte dans le but de trouver des solutions disponibles, et, en conséquence, il agit plus efficacement. La création d’outils aidera à enrichir les cartes intérieures de la réalité, et, par exemple, à ne pas se perturber à cause d’affirmations mentales restrictives qui créent des émotions négatives, des sentiments perturbateurs et qui provoquent des conduites autodestructrices. La création de tels outils entraînera la création d’un nouveau système de croyances qui va filtrer la réalité de manière différente. Il s’agit de développer la sensibilité de savoir comment nous donnons naissance à nos pensées pour changer celles qui souffrent un trouble dans le fonctionnement. Si on ne possède qu’une seule carte de la réalité, cela n’entraîne qu’une seule option et le résultat est l’esclavage à cette option unique. En revanche, si on ouvre des perspectives, on découvre d’autres options possibles, d’autres points de vue, et on acquiert la flexibilité nécessaire pour donner réponse à nos objectifs. Ouvrir les perspectives, cela suppose diriger les perceptions de la réalité.
Canaux sensoriels et systèmes de représentation.
Notre prise de contact avec la réalité externe s’établit à travers les cinq sens : la vue, l’ouïe, le toucher (sensations corporelles ou kinesthésiques), l’odorat et le goût nous permettent de recevoir l’information du monde qui nous entoure. Des études démontrent que la vue, l’ouïe et le toucher sont les sens les plus utilisés. Au contraire, le sens de l’odorat s’est vu déplacé dans notre société, exception faite des odeurs intenses. Et le sens du goût est limité au domaine concret de la gastronomie. Pour pouvoir percevoir les stimuli extérieurs, l’être humain est pourvu de récepteurs spéciaux. La perception est un processus actif : comme il n’est pas possible d’absorber et de traiter toute l’information qui nous entoure, nous réalisons un processus de sélection.
C’est ainsi que la propre connaissance du monde se produit à partir d’expériences que nous obtenons de lui, et celles-ci dépendent des sensations que nous percevons à travers les cinq sens. La sensation est un phénomène psychique provoqué par l’action d’un ou de plusieurs stimuli sur un récepteur sensoriel, c’est-à-dire, c’est l’impression que la conscience reçoit des objets à travers les sens. Les expériences s’emmagasinent sous forme d’expériences internes. Les impressions mentales que laissent en nous les organes de perception constituent le système de représentation interne ou système de représentation de chaque personne. Et la capacité de chaque être humain pour parvenir à ses objectifs dépend de la mise en application de ses sens.
Le modèle du monde d’un être humain se compose de ses perceptions qui se combinent avec le reste des représentations analogiques et digitales (pensées, sentiments, croyances, souvenirs, anticipations, etc.). Les termes analogique et digital ont été pris du langage informatique par G. Bateseon (1972) dans le but de délimiter le type d’information reçue : analogique, pour l’information transmise à travers un code arbitraire (c’est le cas de notre langage), et digital, pour l’information qui établit une relation entre la chose communiquée et le moyen utilisé (c’est le cas de la photographie, par exemple).
Notre langage est un des systèmes d’ancrage le plus élaboré puisque chaque mot signifie une ancre associée à au moins une expérience sensorielle. Cette association mot-expérience sensorielle confère le sens à un mot.
L’ancrage est un des principaux concepts utilisés par la PNL. « On peut définir l’ ancre comme un stimulus qui provoque un schéma constant de réponse envers une personne. ». (Cayrol & Saint- Paul, 1994 : 89).
Au début des années 70, Richard Bandler, John Grinder, Robert Dilts, entre autres, ont développé ce qui postérieurement s’appellera la PNL. La PNL provient de la pratique psychothérapeutique qui utilise plusieurs procédés pour accéder aux recours inconscients, entre lesquels se trouve l’association entre un signal verbal ou corporel (ancrage) et la conduite ou pensée de l’individu pour essayer de les modifier, et le réencadrage qui conduit l’individu à l’adoption de jugements positifs après avoir analysé ses intentions. Toutes les techniques conduisent à laisser agir l’inconscient, dans l’intention de le déterrer, et à découvrir les recours nécessaires pour parvenir à ses propres objectifs. Tout cela se fait à travers des actions sur des images ou sur des signaux, qui aident à forger l’idée à travers les sens ou la mémoire.
Percevoir – acte psychologique – c’est recevoir les impressions qui émanent des objets, qui à leur tour, causent des sensations, et qui conduisent à la conception d’idées sur eux-mêmes. Il s’agit d’un mécanisme à travers lequel l’organisme, grâce aux organes des sens, reçoit l’information qui vient de l’extérieur (mais aussi de l’intérieur). Cette information est envoyée aux centres supérieurs pour arriver au cortex cérébral où elle est examinée pendant un laps de temps plutôt bref, un temps plus court que celui que l’on emploie pour parler de la dite information. Il existe de nombreuses théories sur le phénomène de la perception. Par exemple, les disciples de la théorie de la forme, Gestalt, proclament que cette perception est globale.
D’autres théories, spécialisées surtout sur la perception visuelle, ont fait de nombreuses études qui mettent en évidence l’existence d’une infrastructure instinctive, modifiée aussi bien par notre propre perception du monde extérieur que par les données stockées qui viennent de savoirs socio-culturels partagés. Ces études renforcent les théories prônées par la PNL selon lesquelles nous n’agissons pas sur le monde mais sur l’idée, sur la conception que l’on se fait de celui-ci. En conséquence, comme nous l’avons vu plus haut, notre représentation du monde se base sur la carte personnelle de la réalité, et non sur le territoire que cette carte représente. Cette hypothèse peut en grande partie expliquer les difficultés que suppose la communication humaine. En allant plus loin dans ces études sur les représentations, il a été démontré que les êtres humains ont un sens plus développé que les autres. Et vu que nos comportements sont conditionnés par le propre système de représentations sensorielles (que les chercheurs de la PNL appellent representational system), des interprétations erronées des messages échangés par les interlocuteurs auront lieu.
Pour étudier les canaux sensoriels, la PNL les classe dans quatre systèmes : le visuel, l’auditif, l’olfactif- gustatif et le kinesthésique . Il est évident que toute expérience tire des éléments des trois systèmes de représentation, mais il est fréquent que les individus aient un canal préféré à travers lequel ils traitent l’information, bien que pas de manière exclusive. L’analyse des expressions d’une personne peut mettre en évidence son système de représentation préféré, c’est-à-dire son expérience subjective personnelle. Dans la plupart du temps, nous vivons dans un état de conscience mixte grâce à laquelle certains sens se dirigent aux stimuli externes, pendant que l’autre côté de notre expérience se compose de représentations internes, comme les souvenirs et l’imagination. L’individu reçoit des informations à travers les canaux visuel, auditif, kinesthésique et olfactif-gustatif, mais notre modèle du monde se crée aussi à travers d’autres filtres grâce auxquels nous identifions la réalité avec les expériences vécues. Il y a trois filtres : le neurologique, le socio-génétique et le personnel.
Bien que les cinq sens soient actifs durant la période de conscience, l’individu a tendance, soit par habitude, soit par fatigue, à privilégier certains sens au détriment des autres. La PNL appelle système de représentation primaire celui qui permet à l’individu de percevoir avec plus de finesse et qui s’utilise plus fréquemment. Si deux personnes n’ont pas le même système de représentation, l’expérience qu’elles auront d’un même fait sera forcément différente. On peut clairement observer ce fait quand les témoins d’une même scène racontent les faits de manière divergente. Malgré toutes le similitudes qu’il peut exister entre les expériences des individus, chacun d’entre eux va construire sa représentation du monde à partir de son propre modèle, « le modèle du monde de chaque individu est aussi personnel que ses empreintes digitales » (Cayrol & Saint – Paul 1994 : 26). Ces modèles se composent non seulement de perceptions présentes mais aussi de l’ensemble des processus de pensée, des systèmes de croyances, des sentiments, etc. spécifiques à chaque individu. On pourrait classer ces processus de la manière suivante :
– Le comportement externe, processus qui permet de codifier et reproduire l’expérience dans une représentation formalisée.
– L’état interne, ou réponse psychologique, émotionnelle, en tant que réaction à un stimulus interne ou externe.
– Les processus internes, éléments de l’expérience subjective à travers lesquels les individus interprètent leurs propres perceptions.
– Finalement, les croyances, les préjugés non raisonnés sur le monde, et non vérifiables expérimentalement.
Voyons maintenant quelques exemples d’expressions qui manifestent la préférence de certains canaux sur d’autres :
– Canal visuel :
« Je vois parfaitement où tu veux en venir».
– Canal auditif :
« J’ entends faire ce qu’il conviendra quand il conviendra».
– Canal kinesthésique:
« Je ne voulais pas vous froisser».
– Canal olfactif – gustatif :
«Je sens qu’il ne va pas bien».
« ».
Il est possible de déceler le système de représentation d’un individu en identifiant ce que la PNL appelle prédicats à base sensorielle. Ces prédicats appartiennent à diverses catégories grammaticales : des verbes, des substantifs, des adjectifs ou des adverbes. Par exemple, un individu qui privilégie le système auditif, utilisera de expressions du type : « entendre + infinitif ». En revanche, l’individu qui se construit une représentation kinesthésique dira plutôt : « froisser quelqu’un ».
Le système de représentation visuelle emploie des prédicats tels que : voir, image, clair, clairement, …
Le système auditif : comprendre, sonner bien, mal.
Le système olfactif – gustatif : sentir, doux (i.e. avoir de doux souvenirs), amer ( i.e. avoir des regrets amers).
Le système kinesthésique: sentir, froid, sensiblement, …
Indicateurs comportementaux et systèmes de représentation
La préférence d’un canal ou plusieurs canaux sur les autres et l’observation des comportements, aussi bien les indicateurs de micro-comportements, que les indicateurs de macro-comportements, peuvent permettre de découvrir certains états internes des individus. La position du corps et les mouvements appartiennent à la catégorie des macro-comportements, bien que les mouvements oculaires ressortent des micro-comportements. Le comportement humain s’organise à partir de certains automatismes puisque les êtres humains tendent à réagir à partir de certaines structures bien déterminées. En ce sens, une fois qu’un individu a utilisé un schéma de comportement, il a tendance à poursuivre son utilisation. Comme nous allons voir, cet automatisme nous est très utile car cette faculté d’organiser nos comportements en séquences automatiques nous permet de nous concentrer dans des activités qui requièrent plus de travail cognitif.
La généralisation, la sélection et la distorsion sont trois processus qui permettent à l’être humain de construire ses cartes, vu que, même si la carte ne sera jamais le propre territoire qu’elle représente, au plus elle est proche de lui, au plus elle sera utile pour parcourir le monde. Ces trois mécanismes ont le désavantage de limiter et d’appauvrir l’expérience du monde s’ils ne s’utilisent pas correctement. On peut canaliser les perceptions sensorielles correctement ou incorrectement au moyen de mécanismes cognitifs. En conséquence, on arrivera à un élargissement, ou au contraire, à un rétrécissement des cartes personnelles.
Analysons ces trois mécanismes :
Grâce à la généralisation, les parties du modèle du monde d’un individu se séparent de l’expérience originale et représentent désormais la catégorie entière. D’un côté, cette faculté permet l’apprentissage : sans elle, l’être humain se voit obligé d’apprendre les mêmes tâches continuellement. C’est-à-dire que la généralisation permet d’utiliser l’expérience du passé pour affronter des situations présentes qui lui sont semblables. En revanche, de la même manière qu’un comportement utile est généralisé pour optimiser ses bénéfices, un comportement inutile peut persister et rendre difficiles de nouveaux apprentissages.
La sélection permet à l’individu de se concentrer sur les aspects essentiels de l’expérience en sélectionnant l’information la plus utile. En ce sens, malheureusement, on peut aussi sélectionner de l’information inutile, ce qui limitera l’apprentissage du monde.
Finalement, la distorsion permet d’introduire des changements dans l’expérience sensorielle, ce qui suppose la faculté d’extrapoler la perception au bénéfice de la créativité. La distorsion aboutit à la construction d’une expérience négative et inexistante dans la réalité à cause d’une mauvaise utilisation.
En conséquence, les capacités qui permettent à l’être humain de grandir et d’évoluer sont les mêmes que celles qui peuvent appauvrir l’expérience, et conduire l’individu à une conception restreinte de son entourage. Souvent, les frontières contre lesquelles les individus se heurtent, n’existent pas dans le monde réel, mais bien dans son modèle du monde. On ne peut changer le monde, mais on peut changer l’expérience qu’on en tire. En modifiant la perception du monde, on modifie l’attitude que l’on adopte face aux événements. Il s’agit d’entamer « un travail de réorganisation du modèle du monde, c’est-à-dire, un travail sur les systèmes, aussi bien linguistiques que sensoriels de représentation. » (Cayrol & Saint Paul, 1994 : 32).
Quand on cherche à atteindre un seuil de bien-être, il est nécessaire parfois de changer certains comportements. Les attitudes qui provoquent des états gratifiants ou non gratifiants se présentent toutes dans des séquences dont les caractéristiques sont observables. La plupart des problèmes qui affectent les relations humaines sont dus à des schémas de comportement répétitifs. Les individus réagissent à l’aide de micro-comportements divers face à des situations semblables. Ce schéma récurrent permet l’étude qui amène au changement des comportements non souhaités, et, par conséquent, au changement interne. De la même manière que tout individu privilégie un système de représentation particulier (système utilisé par un individu à un moment déterminé), de la même manière, il fait prévaloir un système conducteur particulier (celui qui est observable). Le système de représentation peut être conscient dans le sens où le système conducteur intervient normalement au seuil de la conscience. Les prédicats, que nous avons commentés supra, ainsi que certains comportements, sont des moyens efficaces pour détecter les systèmes de représentation. En effet, ces prédicats sont en quelque sorte des indices qui peuvent mettre en relief les représentations internes.
Systèmes linguistiques privilégiés et expériences sensorielles
Les prédicats utilisés par un individu peuvent servir à créer un système d’ancrage qui permet l’accès à un état intérieur désiré.
Le langage est un des systèmes d’ancrage le plus sophistiqué que possède l’être humain. C’est-à-dire que « chaque mot est une ancre associée à des expériences sensorielles, et, cette association donne son sens au mot. » (Cayrol & Saint-Paul 1994 : 102). Une ancre est donc un stimulus qui provoque une réponse constante chez un individu. L’être humain accumule des expériences qui lui viennent à travers des images, des sons, des saveurs, etc. et quand on entre en contact avec un des ces paramètres sensoriels des expériences vécues, alors cette expérience émerge. Il en va de même avec l’étiquette linguistique mais de manière moins intense. La PNL prône que l’on peut utiliser cette association dans le but de ramener l’individu dans une situation positive, agréable et satisfaisante, déjà vécue auparavant. Ce phénomène est tiré des études behaviouristes basées sur le stimulus et la réponse. Le progrès de cette science consiste à créer le lien entre un contexte déterminé et les moyens nécessaires dans ce contexte. Grâce à cela, l’individu parvient à l’état intérieur désiré, et la réponse intègre les moyens manquant auparavant. (Cayrol & Saint-Paul 1994 : 95)
C’est à ce stade que le langage aide à véhiculer cette association. Les systèmes préférés d’un individu, que nous venons de commenter, joueront un rôle important dans la création des ancres.
Pourtant, le changement d’état interne n’est pas aussi facile, puisque dans chaque individu il existe d’autres états constitutifs de sa conception du modèle du monde qui sont enrichissants, mais qui peuvent également empêcher le changement désiré.
L’analyse des éléments linguistiques privilégiés par l’interlocuteur peut servir à mettre au point le style de la communication personnelle en fonction de ses préférences, dans le but de créer et de maintenir la communication. C’est ce que les experts appellent la communication réactive. En effet, tout comportement, verbal et non verbal, s’interprète, par action ou par omission, comme un message qui dévoilera de l’information sur le locuteur, et fera savoir comment celui-ci vit et sent la situation communicative dans laquelle il se trouve. Tout ce paquet d’informations est capté de manière consciente et inconsciente par les interlocuteurs, et exerce une influence sur ces derniers. Le sens de l’observation des paramètres des micro-comportements aidera à évaluer l’influence qui s’exerce sur les interlocuteurs. Les études de la PNL soulignent que le sens d’un message est déterminé par la réponse qu’il suscite. De là, on peut déduire que ce n’est pas l’intention communicative qui compte mais plutôt la réaction obtenue, c’est-à-dire, l’effet perlocutif. Durant une longue période, la linguistique, dans sa conception de la communication, s’est intéressée presque exclusivement à la force illocutive des actes verbaux, négligeant les conséquences qu’ils pouvaient entraîner sur l’interlocuteur. En réalité, l’élément qui apporte la véritable information est la réponse de l’interlocuteur, qu’elle soit verbale ou non verbale. Cette réponse peut se former grâce à une série de facteurs tel que la synchronisation (verbale et non verbale) et la création d’affinités inconscientes.
Conclusions
L’espace consacré à ce travail ne peut qu’effleurer les études qui se dédient à comprendre pourquoi l’être humain reélabore et garde à chaque fois son modèle subjectif du monde (et, par conséquent, les problèmes qui dérivent de cette conception restreinte du monde qui l’entoure). Quand les individus s’expriment, il communiquent un contenu propositionnel à travers un nombre infini de données linguistiques et de conduite qui mettent en relief les filtres de perception de son entourage. Ces données peuvent s’analyser avec l’objectif de comprendre les limites que s’auto-impose l’individu dans sa cognition du monde. Pourtant, nous ne devons pas oublier que ces données recueillies constitueront à leur tour une « carte » de cet être humain, et non de sa réalité authentique.
L’analyse s’effectuera, à divers niveaux:
– le niveau corporel (comme le rythme et la vitesse de la conversation, le ton et la mélodie de la voix, les micro-comportements)
– le niveau sensoriel (les systèmes sensoriels de la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût, qui mettent en relief comment l’individu spécialise son langage en fonction du système sensoriel qu’il préfère dans son interaction avec le monde)
– l’extra-sensoriel (les stratégies du traitement sensoriel que l’individu exécute dans le but de parvenir à un objectif déterminé : par exemple, l’utilisation de la direction sortie du négatif ou trajectoire vers le positif; ou bien la représentation intérieure de l’objectif à partir du souvenir ou de ce qui a été construit ; ou bien la construction à partir de ce qui a été expérimenté ou à partir du nouveau, etc.)
– le niveau interne et de traitement de l’information (qui filtre la perception grâce à des principes et ses systèmes de croyances interdépendants, qui déterminent les possibilités ; ces valeurs forment des emballages linguistiques, à travers lesquels les vocables et les expressions acquièrent le sens empirique et sensoriel chez un individu).
– La linguistique (dont l’analyse dévoilera comment un individu exprime ses interactions avec le monde, puisque le langage suppose la reproduction de la réalité, des expériences et des événements vécus par cet individu.)
L’analyse de ces divers niveaux, entre autres, va permettre la découverte du travail de traitement de l’information, indispensable pour l’acquisition de nouvelles capacités cognitives et de conduite. Le cadre de la perception d’une conduite non désirée, à cause de son inadéquation, pourra être transformée. C’est ainsi qu’elle apparaîtra dans un nouvel environnement.
BATESON,G. (1972) Steps to an Ecology of Mind: A Revolutionary Approach to Man’s Understanding of Himself. New York: Chandler Publishing company, Ballantine Books.
CAYROL,A. – SAINT PAUL, j. (1994) (1984) Mente sin límites. La Programación Neurolingüística. Barcelona: Robin Book.
KORZYBSKI, A. (1933) (1947).(1958) Science and Sanity: An Introduction to Non-Aristotelian Systems and General. Lakeville, Conn.: International Non-Aristotelian Library Publishing Co.